La plupart du temps, ils se taisent. Quand ils osent enfin parler, ils sont rarement pris au sérieux. Comme si la parole des hommes victimes de violence conjugale contrariait » celle des femmes battues, qui ont mis des siècles à se faire entendre. Comme s’il nous fallait choisir un camp… Nous avons rencontré plusieurs "hommes battus" pour mieux comprendre. Malaise. Il y a d’abord ces photos, qui nous sont arrivées à la rédaction des hommes au visage transparent, sans regard, sans expression, sans rien. Et puis, autour de moi, ces petits sourires, mi-gênés, mi-narquois à l’énoncé du sujet. Hommes battus ? Par qui ? Ils ne peuvent pas se défendre? Je me souviens de cette femme interviewée il y a longtemps, violentée des années par son mari, qui expliquait en s’excusant Je ne pouvais pas partir, vous comprenez ? Il me faisait trop peur… » Je ne sais pas si je comprenais, j’imaginais au moins la force, les coups, l’emprise. Mais eux, pourquoi ne partent-ils pas ? Comment les femmes qui battent leurs hommes leur font-elles si peur ? Et d’abord, les battent-elles vraiment ? Un mort tous les quinze jours L’ enquête Cadre de vie et sécurité de l’Insee de 2019 estime qu’en moyenne annuelle sur la période allant de 2011 à 2018, plus d’un quart 28 % des victimes de violences physiques et/ou sexuelles par leur conjoint ou ex-conjoint, étaient des hommes. Soit 82 000 hommes sur les 295 000 victimes de violences conjugales. En 2019, sur les 142 000 victimes recensées, 16 000 étaient des hommes. Selon l’étude de la Délégation aux victimes, 173 victimes de violences conjugales en sont décédées en 2019, dont 27 hommes contre 146 femmes. Soit environ un homme mort de violences conjugales tous les quinze jours contre environ 12 femmes tuées chaque mois. Je pensais qu’il y avait peu de cas, mais en fait non. » Sylvianne Spitzer est psychologue, psychanalyste et criminologue C’est en allant consulter au domicile de ses patients qu’elle a découvert les traces d’une violence qu’ils taisent, ou minorent, lors des consultations en cabinet Dans un premier temps, ils sont dans le déni complet. Ils pensent que “ça va passer”, que le problème vient d’eux, qu’ils sont de mauvais conjoints ou de mauvais pères, puisque c’est ce qu’elles leur répètent à longueur de temps. » Si les femmes savent, désormais, qu’il faut partir dès la première gifle » même si elles ne le font pas toujours, les hommes, eux, mettent beaucoup plus de temps à identifier qu’il y a un problème. Peut-être parce qu’ils sont habitués, dès la cour de récréation, à régler leurs différends par la bagarre. Un coup n’est pas forcément un acte grave dans leur esprit. » Griffures, gifles, jet d’objets, mais aussi menaces, humiliations, chantage ; une fois sortis du déni, rien ne s’arrange comment se faire entendre ? À qui demander de l’aide ? Où s’adresser ? Ils disent tous la même chose la honte, l’épuisement, et les structures d’écoute ou d’accueil des victimes de violences conjugales qui ne veulent pas ou ne savent pas les prendre en compte. La plupart du temps, on leur raccroche au nez, parfois avec un petit rappel à la » réalité Et les femmes ? Vous savez combien elles sont, les femmes, à être battues par les hommes ? » C’est vrai ça, est-ce qu’ils savent ? Pour aller plus loin Les associations où trouver du soutien SOS Hommes battus 09 51 73 44 94, lundi, mardi, jeudi et vendredi de 9h à 11h et SOS Papa 01 47 70 25 34 et Dans une société où toutes les paroles se libèrent, il n’y a aucune raison que la leur se taise. C’est pourtant Sylvianne Spitzer – une femme ! – qui finit par créer SOS Hommes battus en 2009, pour combler un vide. Deux mille cinq cents appels par an, plus tous ceux que la petite structure n’a pas la capacité de traiter. Ils sont de plus en plus nombreux non pas forcément à être maltraités, mais à oser le dire enfin », à SOS Hommes battus, mais aussi à SOS Papa, et parfois directement au commissariat ou à la gendarmerie où, d’après leurs dires, ils sont reçus avec plus ou moins de bienveillance. On est encore engoncés dans des stéréotypes traditionnels tout le monde a du mal à imaginer que les femmes peuvent être violentes, et les hommes doux. La justice est censée être neutre, mais dans les faits, elle ne l’est pas. Les femmes savent que si elles arrivent avec une trace, même petite, on les croit immédiatement » s’indigne la chercheuse Catherine Ménabé, auteure de La Criminalité féminine L’Harmattan, 2014. Accueillis avec des sarcasmes Vous n’avez qu’à divorcer », Vous ne savez pas vous défendre ? », Apprenez à tenir votre femme ». Il y a cinquante ans, les femmes qui osaient demander de l’aide étaient accueillies avec les mêmes sarcasmes ; il a fallu du temps et le combat des féministes pour qu’on les écoute enfin. Ces mêmes féministes qui, si on en croit Olivier, membre du bureau de la très virulente association SOS Papa, noyautent toute tentative des hommes violentés d’être entendus. De plus en plus de flics et de juges sont des femmes, et on voit bien qu’elles ne veulent pas nous croire. Le discours néoféministe ne réclame pas l’égalité des femmes et des hommes, mais carrément leur supériorité sur nous, jusqu’à valoriser la violence contre les hommes, dans une sorte d’hyperréaction au machisme de nos grands-pères. » Pas que de nos grands-pères, Olivier ! Naturellement, juges et policiers démentent Lorsque les plaintes arrivent jusqu’à nous, nous les traitons avec la plus stricte partialité, se défend le juge Jean-Pierre Ménabé, qui a présidé pendant plusieurs années le tribunal de Bobigny. Mais la plupart des victimes, quelles qu’elles soient, ont le sentiment de ne pas être entendues. » Évidemment que nous les croyons, renchérit Christophe Crépin, policier. C’est tellement difficile, pour un homme, de dire une chose pareille que j’en ai rarement vu mentir… Mais pour tout dire, j’en ai aussi rarement vu venir déposer la plupart du temps, ils se taisent. » Le juge comme le policier s’accordent sur le fait que ce à quoi ils se fient, ce sont les preuves. Et que les preuves, dans ce domaine, sont difficiles à réunir les empoignades marquent moins la peau des hommes que celle des femmes et, lors d’une altercation, les femmes se débrouillent souvent pour avoir une trace elles aussi, de manière à prétendre qu’elles n’ont fait que se défendre. En voulant se protéger d’un coup, un de nos adhérents a dévié le bras de sa femme. Le bras a heurté sa bouche, et elle a eu la lèvre ouverte. Elle lui a dit “Merci, tu viens de me rendre un grand service”, et s’est précipitée au commissariat pour déposer une main courante », raconte Olivier. Qui égraine la litanie des malentendus » rapportés par les hommes à SOS Papa les gendarmes, appelés à l’aide par le mari, qui l’immobilisent lui au lieu de maîtriser sa femme ; qui l’obligent à quitter le domicile conjugal alors qu’il a signalé qu’elle est dangereuse pour les enfants ; qui le gardent à vue alors qu’il vient déposer plainte ; les parents et les amis qui sentent la violence mais pensent que c’est l’homme qui cogne… Quand j’ai découvert que mon ami d’enfance vivait un enfer avec sa nouvelle compagne, je suis tombée des nues », raconte Sophie comment imaginer qu’Arnaud, du haut de son mètre quatre-vingt-quinze, se laisse martyriser par une frêle petite blonde ? Pourtant, elle lui a cassé une dent et, surtout, l’a complètement démoli psychiquement… ». Arnaud, amoureux et très attaché à l’enfant de la jeune femme, s’est laissé faire longtemps avant de se sortir de ses griffes. Battus, déclassés, dévirilisés Même si c’est désagréable à admettre, dans l’inconscient collectif, un homme battu par une femme perd immédiatement sa position d’homme, confirme le psychiatre et psychanalyste Serge Hefez2. Il est déclassé, dévirilisé, il perd sa place “naturelle” de dominant. Et nous en sommes gênés, au point de le trouver ridicule au lieu d’éprouver de l’empathie pour lui, comme chaque fois qu’un mâle se montre “féminin”, soumis, pénétré plus que pénétrant. » On en serait donc encore là ? Dans les lois, sûrement pas, mais dans leur application, dans les faits et dans les inconscients, c’est certain. Ce que nous disent ces hommes le plus souvent amoureux, sidérés de voir leur amour se retourner contre eux et terriblement inquiets pour leurs enfants, c’est que la violence conjugale, et plus largement familiale, n’est pas qu’une question de domination physique, mais aussi, surtout, une forme d’emprise psychique dont il est difficile de s’extraire, tous sexes confondus. À tort ou à raison, je me dis qu’un homme a tout de même plus de possibilités qu’une femme de ne pas se retrouver dans cette situation », reconnaît Serge Hefez, un peu piteux. Il n’est pas le seul je pense à mon ami Pierre, un homme solide et musclé à qui personne ne songerait à chercher des noises, qui m’a avoué, des années plus tard, s’être retrouvé deux fois à l’hôpital après une altercation conjugale ». Il ne s’est pas défendu, parce qu’ on ne frappe pas une femme ». Il n’est pas non plus allé pleurnicher dans une association ». Il n’a pas porté plainte. Il s’est seulement extirpé de la nasse », et engagé dans un divorce douloureux dont il est sorti démoli et presque ruiné. Il m’a fallu du temps pour comprendre, et pour avoir les couilles de le faire », a-t-il fini par m’avouer. Ça serait donc, encore et toujours, une question de couilles » ? Malaise. Témoignages d'hommes battus Stéphane, 50 ans, chirurgien-dentiste “J’étais devenu son esclave” Ses violences quotidiennes, physiques et psychologiques, m’ont dévasté. J’étais devenu son esclave. Elle m’a manipulé, complètement ; elle manipulait aussi la police et la justice. Ça a été un travail de fou de faire émerger un début de vérité. J’y ai perdu mes cheveux, mes sourcils et ma barbe. Mais je me suis battu pour ne pas perdre mes enfants. Et j’ai fini par être entendu. Au moins suffisamment pour pouvoir repartir dans la vie. » Daniel, 70 ans, retraité “Je n’osais pas me manifester” Tout se passait à huis clos j’étais comme une femme battue, qui n’ose pas se manifester de peur de redéclencher sa fureur. Et quand j’osais, personne ne me croyait les rapports disent que je me “positionne” comme victime… J’ai fini par me faire entendre, mais à quel prix ! La justice l’a condamnée, mais surtout m’a confié notre fils. Nous réapprenons à avoir une vie normale. » Étienne, 43 ans, fonctionnaire “C’était comme si je n’existais plus” À partir de la naissance de notre fils, ma femme m’a ignoré. Totalement. Comme si je n’existais plus du tout. J’ai mis du temps à admettre que cette situation était d’une extrême violence. Après avoir fait longtemps profil bas, j’ai fini par accepter d’en parler, à ma mère d’abord, puis à SOS Papa. J’ai organisé mon départ, étape par étape, pour ne pas perdre mon fils. Il m’a fallu des mois pour me remettre à penser normalement. » Medhi, 51 ans, directeur de société “Personne ne m’a soutenu” Dès le départ, j’ai été pris dans un étau plus je gesticulais, plus le piège se refermait. J’ai été dépassé, violenté, humilié, mais face aux évidences, personne ne m’a soutenu, à part ma sœur. Cette femme m’a entraîné dans un cauchemar. J’ai tout perdu. Heureusement, la justice pénale a rétabli la vérité. Elle a été condamnée, et moi, je me reconstruis, lentement. »
Lesfemmes reviennent et les hommes s'en vont, Ils viennent, elles vont comme le vent du sud Ă la saison des amours, En prime, je peux vous donner les paroles: VoilĂ ! [merci pour les paroles] popol_la buze Le
Paroles de la chanson Les Hommes Et Les Femmes par Serge Lama Les femmes aiment les roses Les hommes aiment rêver Les femmes aiment des choses Qu' les hommes aiment trouver Les femmes craignent l'orage Les hommes font du feu Les femmes sont du courage Les hommes sont curieux Les femmes aiment les plages Les hommes aiment les jeux Les femmes aiment l'image Les hommes singent Dieu Les femmes aiment des types Les hommes aiment des fleurs Les hommes ont des tripes Les femmes ont du cœur Les femmes sont la terre Les hommes sont l'idée Les femmes veulent plaire Les hommes veulent gagner Les femmes sont des mères Les hommes des enfants Les femmes volontaires Les hommes triomphants Quand ces deux êtres sont alliés C'est diable et Dieu réconciliés Quand ces deux êtres sont unis C'est l'envol, c'est l'envol, c'est l'envol et le nid Les femmes sont des femmes Les hommes sont des fils Les femmes font des drames Les hommes applaudissent Les femmes sont des îles Les hommes des bateaux Les femmes pas fragiles Les hommes pas costauds Les femmes sont la forme Les hommes Cro-Magnon Les femmes les transforment Et les hommes s'en vont Quand ces deux êtres sont alliés C'est diable et Dieu réconciliés Quand ces deux êtres sont unis C'est l'envol, c'est l'envol, c'est l'envol et le nid Quand ces deux êtres sont alliés C'est diable et Dieu réconciliés Quand ces deux êtres sont unis C'est l'envol, c'est l'envol, c'est l'envol, c'est l'envol, c'est l'envol et le nid.
Préventionet lutte contre les violences sexistes et sexuelles Égalité professionnelle et autonomie économique des femmes Accès à la santé, aux droits sociaux et politiques Une culture de l’égalité pour la jeunesse Place des femmes dans les médias, la culture, le sport Égalité entre les femmes et les hommes dans les territoires
Selon les chiffres de l'étude commandée par le Laboratoire de l'égalité dont je suis membre 35 % des hommes se sentent sexuellement discriminés... par d'autres hommes. 29 % des pères ne veulent pas que leur fils joue à la chiffres signifient que la violence exercée par les hommes à l'égard des femmes ne cessera qu'à deux conditions une baisse globale de la violence sociale générale dont les hommes sont aussi des victimes, et du même coup, une moindre importance accordée par eux à la notion de puissance et à la place qu'ils occupent dans la société. On sait que les hommes se sentent bien plus menacés dans leur intégrité psychique par la remise en cause des stéréotypes de genre et qu'ils freinent davantage que les femmes toute évolution. L'égalité entre les hommes et les femmes est donc le corollaire d'une évolution globale qui passe nécessairement par la réduction des inégalités sociales. Le symptôme le plus net et le plus alarmant de l'absence d'égalité sexuelle et sociale est le viol. La photo a été prise aujourd'hui dimanche 25 novembre à la marche contre les violences faites aux femmes.
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